Vous êtes frontalier et vous vous posez des questions quant à la retraite en Suisse pour un Français, vous avez raison ! Car, à l’heure où l’âge légal du départ à la retraite est remis en cause, il vous appartient d’anticiper votre avenir. Vous pouvez, d’ores et déjà, calculer le revenu que vous percevrez à la retraite. Le montant des pensions dépend de votre situation personnelle et de la législation de chaque pays. Frontaliers suisses, pour vous préparer au mieux, découvrez les 2 régimes auxquels vous serez assujettis et comment la retraite suisse est calculée. Quelle retraite pour un Français travaillant en Suisse ? Votre courtier frontalier vous explique la logique à tenir pour vous préparez au mieux à votre futur vie de jeune retraité.
Sommaire
Les différences entre le système de retraite français et suisse
Si les conditions d’accès et le calcul des pensions varient d’un pays à l’autre, le travailleur frontalier peut cumuler les régimes. Ainsi, vous pouvez être retraité en France, mais poursuivre votre activité salariée en Suisse. Une fois l’âge légal suisse du départ à la retraite atteint, vous percevez alors les deux pensions. Chaque état verse la part de retraite qui le concerne, votre statut sera celui de retraité polypensionné.
La retraite en France
Le principe
En France, le régime dit de répartition sert de base. Les cotisations prélevées sur les salaires des actifs financent les pensions allouées aux retraités.
Ce régime concerne les travailleurs salariés, les travailleurs agricoles, les artisans et les commerçants, c’est ce qu’on appelle la CRAM (Caisse de retraite assurance maladie).
L’âge légal de départ à la retraite et le taux de calcul
En France, l’âge légal est établi à 64 ans. Cependant, vous pouvez bénéficier d’un départ à 62 ans, si vous êtes né entre le 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1967, et si vous avez cotisé suffisamment de trimestres pour avoir une retraite à taux plein. Vous pouvez prendre un départ à la retraite anticipé, le calcul du montant de la pension est au prorata des années de cotisations. Le taux varie de 37,5 % à 50 % (taux maximum).
Ces informations sont générales, nombreuses sont les situations spécifiques qui dérogent à ces règles (carrière longue, incapacité ou handicap, période de chômage, etc.). De plus, votre statut frontalier, implique que vous toucherez une retraite partielle en France. Pour faire le point sur votre situation et estimer le montant de votre pension, rapprochez-vous de votre courtier !
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La retraite en Suisse
Le principe
En Suisse, c’est le principe des 3 piliers qui prime.
- L’Assurance Vieillesse et Survivant (AVS), régime de base obligatoire fondé sur un système solidaire de répartition appelé premier pilier, ne couvre que les besoins vitaux. En Suisse, le montant minimum de la rente AVS est de CHF 1’260, le montant maximum est de 2’520 francs suisses pour une personne célibataire et CHF 3’680 pour un couple (données 2025).
- Le deuxième pilier ou LPP (Loi de prévoyance professionnelle), pris en charge conjointement par l’employeur et l’employé, a pour but de compléter le premier pilier afin de maintenir un certain niveau de vie. Il faut toucher plus de 22’680 francs suisses par an pour cotiser à la LPP (montant minimum en 2025).
- Le troisième pilier repose sur une assurance privée et sert d’épargne compensatoire. Le 3e pilier n’est pas avantageux pour les frontaliers qui préféreront se tourner vers une assurance vie ou un PER (Plan épargne retraite) pour compléter leurs revenus à la retraite.
Avec son 1er et son 2e pilier, le retraité peut estimer percevoir environ 60 % de ses derniers salaires, s’il a cotisé suffisamment pour obtenir une retraite suisse à taux plein, ce qui, malheureusement, est rarement le cas des polypensionnés.
L’âge légal de départ à la retraite
En Suisse, depuis la réforme des retraites AVS 21 les hommes et les femmes peuvent prétendre à la retraite à 65 ans.
Il faut avoir cotisé 1 an au minimum.
À savoir que les cotisations de votre conjoint peuvent être prises en compte si elles représentent au moins le double des cotisations minimum.
S’ajoutent des points de bonification (éducation des enfants par exemple).
Anticiper ou ajourner son départ à la retraite est possible sous certaines conditions. Un abattement s’applique si vous faites votre demande entre 60 et 65 ans. À l’inverse, vous bénéficiez d’une majoration si vous partez à la retraite après 65 ans.
La particularité du frontalier réside dans le fait que sa carrière n’est souvent pas « linéaire ». En effet, rares sont les travailleurs frontaliers qui effectuent la totalité de leur activité professionnelle en Suisse. Dès lors, ils cumulent des cotisations à la retraite en France et en Suisse.
Le montant minimum de la retraite pour un Français travaillant en Suisse
Le principe de calcul de la retraite en France
Une fois le taux de calcul défini, le régime de retraite français calcule la moyenne de vos revenus en tenant compte de vos 25 meilleures années travaillées.
Sont pris en compte l’âge auquel vous demandez votre droit à la retraite ainsi que les périodes de maternité, chômage, congé maladie, etc.
Ainsi, un salarié ayant effectué son nombre de trimestres minimum (soit 172 trimestres pour les personnes nées à partir de 1968) percevra 50 % du revenu moyen de ses 25 meilleures années. On parle de taux de liquidation.
La pension retraite de base se calcule comme suit :
Revenu (ou salaire) annuel moyen x taux de liquidation x nombre de trimestres
_______________________________________________________________
Nombre maximum de trimestres selon votre année de naissance
À ce montant, s’ajoutent les retraites complémentaires, et autres bonifications éventuelles.
Le principe de calcul de la retraite en Suisse
L’AVS
Pour calculer votre pension en Suisse, sont comptabilisés :
- le nombre d’années de cotisations ;
- les revenus provenant de l’activité lucrative ;
- les bonifications (éducation des enfants) ;
- le splitting (partage après divorce ou fin de partenariat).
On parle de rentes 44 pour qualifier le taux plein. Si vous ne remplissez pas les conditions pour prétendre à la rente 44, une rente partielle calculée sur l’échelle de 1 à 43 vous sera allouée.
Exemple :
Vous avez cotisé un total de CHF 800’000 entre 1976 et 2020 (44 ans).
1 – Calcul de la revalorisation selon l’indice de l’inflation de la 1re année de cotisation (ici 1.110). Cliquez ici pour connaître l’indice.
800 000 x 1.110 = 888’000 CHF
2 – Calcul du revenu annuel moyen :
Divisez votre revenu indexé (888’000) par le nombre d’années de cotisations (44)
= 20’182 francs suisses.
3 – Calcul du bonus éducatif :
Ce sont vos 16 années d’autorité parentale ou de soins portés à un proche. Vous les multipliez par la rente maximum d’un couple (3’680 CHF x 12 mois). Vous multipliez par votre nombre d’enfants et divisez par le nombre d’années de cotisations.
- Pour 1 enfant : 16 x (3’680 x 12)/44 = 16’058 CHF
4 – Calcul du revenu moyen déterminant :
Additionnez votre calcul de revenu moyen avec votre bonus éducatif.
20’182 + 16’058 = 36’240 CHF
5 – Calcul de votre rente annuelle :
Rapprochez votre résultat de l’échelle 44 de l’AVS que vous trouvez ici. Le chiffre le plus proche est CHF 36’288. La colonne 1 AVS vous indique alors votre rente mensuelle, soit CHF 1’719.
À votre AVS, il faudra ajouter votre 2e pilier et, le cas échéant, votre 3e pilier.
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Calcul pension de retraite pour un français ayant travaillé en Suisse
Le principe de coordination : un avantage pour les frontaliers
Frontaliers suisses, vous bénéficiez de la coordination entre pays en matière de retraite. Ainsi, vos périodes travaillées en France et en Suisse servent communément de base de calcul pour établir le montant de vos pensions et rentes.
Pour vous avantager au maximum, un double calcul est effectué, chaque pays établit son estimation.
Tout d’abord, la pension nationale (ou théorique), il s’agit de celle que vous auriez touchée si vous n’aviez travaillé que dans un seul pays.
Puis, la pension communautaire, obtenue en proratisant l’ensemble des périodes accomplies à chaque législation.
Le résultat le plus élevé vous est alors attribué.
Étapes de calcul de retraite en Suisse pour un Français
Voici les étapes pour calculer la retraite d’un polypensionné né en 1960 ayant cotisé 167 trimestres pour obtenir une retraite à taux plein, avec 24 trimestres (6 ans) en Suisse et 148 trimestres (37 ans) en France.
Hypothèses et paramètres
- Durée d’assurance requise pour le taux plein : 167 trimestres.
- Durée d’assurance maximum prise en compte : 167 trimestres (génération 1960).
- Durées cotisées :
- France : 148 trimestres.
- Suisse : 24 trimestres.
- Total : 148 + 24 = 172 trimestres (5 trimestres excédentaires, non pris en compte au-delà de 167).
revenu annuel moyen considéré (moyenne des 25 meilleures années de carrière) est de 40 000 €.
1. Calcul de la retraite nationale française
La retraite nationale est calculée uniquement sur les trimestres cotisés en France.
- Taux minoré : le taux de 50 % est réduit en raison de 19 trimestres manquants (167 requis moins 148 cotisés en France). La décote est de 1,25 % par trimestre manquant, soit 1,25 % × 19 = 23,75 %.
Le taux minoré est donc : 50 % – 23,75 % = 26,25 %. - Proportion des trimestres cotisés en France : 148 trimestres sur 167, soit 148 ÷ 167 = 0,885.
- Calcul de la retraite nationale :
Revenu annuel moyen × Taux minoré × Proportion des trimestres cotisés.
40 000 € × 26,25 % × 0,885 = 9 282,75 € par an.
2. Calcul de la retraite européenne
La retraite européenne est calculée sur l’ensemble des trimestres cotisés dans les deux pays.
- Retraite globale théorique : elle est basée sur un taux plein de 50 % pour 167 trimestres pris en compte.
Revenu annuel moyen × Taux plein × (Durée totale cotisée plafonnée ÷ Durée requise).
40 000 € × 50 % × (167 ÷ 167) = 20 000 € par an. - Part française de la retraite globale :
On applique la proportion des trimestres cotisés en France, soit 148 ÷ 167 = 0,885.
20 000 € × 0,885 = 17 700 € par an.
3. Résultat final
- Retraite nationale : 9 282,75 € par an.
- Retraite européenne (part française) : 17 700 € par an.
Le montant le plus élevé est retenu : 17 700 € par an, correspondant à la retraite européenne.
Récupérer sa retraite suisse par anticipation
Si vous êtes certain de ne plus jamais travailler en Suisse, vous pouvez demander votre retraite suisse par anticipation, même si vous n’avez pas atteint l’âge légal helvétique.
Votre demande doit être déposée au moins 3 mois avant la date à laquelle vous souhaitez percevoir vos allocations.
Elle n’est délivrée qu’après une demande écrite auprès de la caisse de compensation où vos dernières cotisations ont été versées. Pour vous aider dans cette démarche, voici un lien pour identifier la caisse adéquate.
Vous devez ensuite remplir le formulaire de demande de rente de vieillesse via le site officiel. Vous pouvez le renseigner en ligne ou imprimer un PDF, le remplir à la main et le renvoyer par courrier.
Si votre conjoint perçoit déjà une rente, alors envoyez votre demande à la caisse qui la lui verse.
La France ayant signé une convention de sécurité sociale avec la Suisse, vous ne pouvez pas demander le remboursement de vos cotisations. Mais vous bénéficiez du droit à la retraite dès lors que vous avez cotisé un an à l’AVS.
L’assurance vie ou le Perin : la parfaite alternative fiscale et patrimoniale
Frontaliers travaillant dans les cantons de Soleure, Vaud, Neuchâtel, Jura, Berne, Bâle-Ville ou Bâle-Campagne, vous ne pouvez pas prétendre au statut de quasi-résident. Cependant, la solution Perin est la solution idéale pour défiscaliser, protéger votre famille et préparer votre retraite.
En revanche, si vous êtes quasi-résident ou frontalier genevois, l’assurance vie par capitalisation, assimilée au 3e pilier B vous assure une défiscalisation à l’entrée et à la sortie du capital.
L’assurance vie complète les revenus
Par des rachats partiels, une rente ou un retrait total du capital, l’assurance vie apporte un complément de revenus après la fin de l’activité lucrative et améliore le niveau de vie. Elle limite l’impact fiscal à la sortie et n’aggrave pas le montant de la CMU.
Elle sécurise la succession
De droit commun, son montant ne rentre pas dans la succession.
Frontaliers qui avez souvent investi dans l’immobilier, vous êtes propriétaires en Haute-Savoie ou Rhône-Alpes, régions où la pierre a une valeur supérieure à la moyenne française. Sachez que les biens immobiliers sont fortement impactés par les frais de succession.
L’assurance vie, une défiscalisation spécifique
En effet, le capital légué à travers l’assurance vie est transmissible sans frais de succession jusqu’à 150 000 € par bénéficiaire.
Concernant l’imposition des intérêts, elle diffère selon la date à laquelle les sommes ont été versées. C’est pourquoi votre courtier pour frontalier vous conseille de contracter ce type d’assurance au plus tôt, même si les dépôts sont minimes au début. En effet, à partir de 8 ans d’âge, le taux d’imposition est nettement moindre (entre 7,5 % et 12,8 % contre 12,8, 15,5 voire 35 %).
Les intérêts retirés bénéficient d’un abattement de 4 600 €/personne.
Les revenus des frontaliers à la retraite fluctuent énormément d’une situation à l’autre. Si les deux systèmes de retraite sont complémentaires et cumulables, diversifier les sources de revenus est néanmoins judicieux. L’assurance vie est une option avantageuse notamment pour les frontaliers du canton de Genève ayant opté pour le statut de quasi-résident. Vous voulez faire le point sur votre retraite et sa fiscalité ? Contactez-nous.