Est-ce que je peux me faire soigner en Suisse ?

Se faire soigner en Suisse

Prendre un rendez-vous chez le généraliste à Annemasse, Thonon ou Saint-Julien-en-Genevois relève de plus en plus du parcours du combattant : dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les habitants des communes rurales et de la frange frontalière avec la Suisse disposent de moins de consultations accessibles que la moyenne, et 15 % de la population vit déjà dans une zone officiellement sous-dotée en médecins généralistes.

À quelques kilomètres pourtant, le système de santé helvète affiche des délais courts, un plateau technique de pointe (robotique, imagerie de dernière génération), des cliniques privées au confort hôtelier et même des médecines complémentaires (ostéopathie, acupuncture, homéopathie, etc.) reconnues et partiellement remboursées. Autant d’atouts qui poussent de plus en plus de frontaliers — et même de touristes — à traverser la frontière pour se faire soigner.

Mais l’excellence a un coût : sans couverture adéquate, la moindre consultation en Suisse peut vite dépasser 150 CHF, et une hospitalisation se chiffrer en dizaines de milliers d’euros. Choisir entre LAMal et CMU, comprendre le droit d’option, savoir quels formulaires présenter à la clinique ou au bureau d’admission… autant d’étapes incontournables pour éviter les mauvaises surprises financières.

Dans cet article, nous décortiquons :

  • les différences clés entre LAMal et CMU (avec un lien vers notre dossier « Assurance maladie frontalier : tout comprendre » pour aller plus loin) ;
  • les démarches administratives pas à pas pour être couvert de chaque côté de la frontière ;
  • un tour d’horizon des tarifs courants en Suisse, des franchises aux éventuels restes à charge ;
  • nos conseils pratiques pour profiter du système de santé suisse sans stress, même en période de désert médical français.

Bonne lecture ! et n’oubliez pas : en cas de doute, Mon Courtier Frontalier reste à votre disposition pour un diagnostic personnalisé de votre couverture santé !

 

Pourquoi envisager la Suisse pour ses soins ?

Un antidote au désert médical côté français

Dans les intercommunalités frontalières de Haute-Savoie – Pays de Gex ou Pays Bellegardien, par exemple – les habitants n’ont accès qu’à 2 consultations de médecine générale par an en moyenne, contre près de 4 dans le reste de la région. Ce déficit s’explique en partie par la fuite de praticiens vers… la Suisse, plus attractive professionnellement. Résultat : pour obtenir un rendez-vous rapide ou un avis spécialisé, traverser la frontière devient souvent la solution la plus pragmatique.

 

Des innovations médicales à la pointe

La Suisse arrive 1ʳᵉ au World Index of Healthcare Innovation 2024, grâce à un écosystème mêlant universités, start-ups medtech et géants pharma. Concrètement, cela se traduit par :

  • Chirurgie robotique de précision : de Genève à Zurich, les blocs opératoires intègrent des bras robotisés pilotés par IA, réduisant les complications et les durées d’hospitalisation.
  • Implants « smart » et capteurs portables pour un suivi en temps réel après intervention.
  • Télémédecine haute définition, pratique quand on réside côté français mais que l’on suit un spécialiste helvète.

Médecines complémentaires reconnues et remboursées

Autre particularité : la Confédération rembourse, via l’assurance de base, plusieurs pratiques de médecine douce validées scientifiquement (acupuncture, homéopathie, phytothérapie, etc.). Les assureurs complètent souvent avec des forfaits spécifiques, jusqu’à 80–90 % de prise en charge selon les contrats. Une aubaine pour les frontaliers adeptes d’une approche plus globale de la santé.

 

🔗 Pour aller plus loin :

 

Les assurances maladie disponibles pour les frontaliers : LAMal ou CMU ?

LAMal : l’assurance suisse de base

Point-clé LAMal frontalier
Principe Assurance obligatoire pour toute personne travaillant en Suisse. Prime forfaitaire par adulte, indépendante du revenu.
Prime 2025 (canton de Genève, franchise 300 CHF) env. 200 CHF/mois (les moins chères) ; la moyenne tourne plutôt entre 350 CHF et 500 CHF selon caisse et modèle
Franchise au choix 300 CHF (minimum) à 2 500 CHF. Plus elle est haute, plus la prime baisse.
Quote-part 10 % des factures jusqu’à 700 CHF/an (350 CHF pour les enfants)
Accidents Option à ajouter si votre employeur suisse ne couvre pas déjà ce risque (la plupart du temps, il le fait).
Particularités Libre accès aux soins dans toute la Suisse, reconnaissance des médecines complémentaires (acupuncture, ostéopathie, etc.) déjà évoquées plus haut.

 

CMU frontalier : la couverture française

Point-clé CMU frontalier
Principe Affiliation au régime français gérée par l’URSSAF-STFS ; cotisation proportionnelle au Revenu Fiscal de Référence (RFR) du foyer.
Taux 2025 8 % de l’assiette de revenus
Abattement 2025 11 750 € (25 % du PASS 2025) déduit avant calcul de la cotisation
Exemple RFR 60 000 € ➜ (60 000 – 11 750) × 8 % = 3 860 €/an (~322 €/mois)
Règlement Déclaration en ligne avant le 15 octobre pour l’année N+1 ; paiement trimestriel à l’URSSAF
Couverture Soins pris en charge côté France + carte CEAM pour l’UE/CH, mais tarifs suisses remboursés sur la base française, donc restes à charge importants en cas de soin en Helvétie.

 

🔗 Pour tout comprendre : Assurance maladie frontalier : tout comprendre

 

LAMal ou CMU ? Tableau comparatif

Quand la LAMal est souvent gagnante Quand la CMU peut être plus pertinente
Profil Revenus élevés (> 100 k €), famille nombreuse, besoin fréquent de soins en Suisse, intérêt pour médecines complémentaires, volonté de fixer son budget santé. Revenus modestes ou fluctuants, soins majoritairement réalisés en France, utilisation des dispositifs ALD et mutuelles françaises, envie de cotisation proportionnelle.
Budget maîtrisé Prime fixe et prévisible, mais franchise + quote-part à prévoir. Cotisation variable (8 %) ; peut grimper avec le revenu mais pas de franchise.
Accès aux cliniques suisses Oui, remboursements sans surprises (hors franchise/quote-part). Possible, mais base de remboursement française ; reste à charge très élevé.

 

Le droit d’option : trois mois pour décider !

  • Vous disposez de 3 mois à compter du début de votre activité en Suisse ou de votre installation en France pour choisir de façon irrévocable entre LAMal et CMU.
  • La démarche se fait désormais 100 % en ligne (portail « droit d’option » de la CPAM/ARS ou du canton).
  • Passé le délai, l’administration vous affilie d’office au régime de santé suisse, soit la LAMal ; un changement ultérieur n’est possible qu’en cas de situation exceptionnelle (chômage, déménagement hors de la zone frontalière, retraite…).

 

🔗 Tous les documents pas à pas : Guide complet assurance frontalier

 

À retenir

  1. Comparez toujours le coût sur cinq ans, prime + franchise/quote-part (LAMal) versus cotisation variable (CMU).
  2. Anticipez vos projets de santé : grossesse, chirurgie, médecines douces… le bon régime n’est pas le même pour tout le monde.
  3. Formalisez votre choix (formulaire E106, S1, ou télé-service) dans les délais pour éviter l’affiliation d’office.

 

Combien coûtent les soins en Suisse ?

Tarifs ambulatoires et hospitaliers

Acte ou prestation Fourchette de prix (CHF) À savoir
Consultation généraliste 100 – 200 Selon canton et durée de la visite
Consultation spécialiste ≈ 500 (hors actes)
Imagerie (IRM, scanner) 800 – 1 500 Facturation TARMED, variable selon le plateau technique
Journée d’hospitalisation – service général 700 – 750 Tarif « basic care » enregistré par les hôpitaux publics
Journée d’hospitalisation – service privé 700 – 1 000 (sur-coût) Chambre individuelle, libre choix du médecin
Hospitalisation aiguë complexe (DRG) Jusqu’à 2 250 / jour Chirurgie cardiaque, neurochirurgie…

 

Urgences et transports

  • Ambulance terrestre : 700 – 2 100 CHF selon canton et kilométrage
  • Héli-transport (Rega) : à partir de 5 000 CHF ; pris en charge partiellement seulement si une assurance complémentaire le prévoit.
  • Quote-part post-franchise : après la franchise choisie (300 à 2 500 CHF), l’assuré paie 10 % des frais jusqu’à 700 CHF/an (350 CHF pour les enfants).

Touristes & CMU : si vous êtes couvert uniquement par la sécurité sociale française, l’ambulance et l’hospitalisation seront remboursées sur la base… des tarifs français ! Le reste à charge peut dépasser plusieurs milliers d’euros.

 

Comment sont calculés remboursements & restes à charge ?

  1. Franchise annuelle (LAMal)
    • Vous choisissez une franchise entre 300 et 2 500 CHF.
    • Exemple : avec une franchise de 1 000 CHF, vous paierez de votre poche les premiers 1 000 CHF de soins chaque année.
  2. Quote-part de 10 %
    • Une fois la franchise atteinte, l’assureur rembourse 90 % des frais jusqu’à la limite de 700 CHF.
    • Au-delà de ce plafond, l’assurance prend 100 % en charge.
  3. Suppléments éventuels
    • Chambre privée, interventions hors catalogue LAMal, médecines douces au-delà des plafonds : vérifiez vos assurances complémentaires.
  4. Frontaliers sous CMU
    • La CPAM rembourse les soins suisses sur la base française, souvent 20 % à 25 % du tarif réel.
    • Une mutuelle complémentaire peut limiter le reste à charge.

 

À retenir

  • Anticipez : demandez toujours un devis détaillé avant une intervention planifiée.
  • Optimisez : ajustez votre franchise LAMal à votre budget et à votre fréquence de soins.
  • Coupez le risque : pour les urgences lourdes (ambulance, hélicoptère), une assurance complémentaire « transport & rapatriement » peut vous faire économiser plusieurs milliers d’euros.
  • Comparez : un couple avec deux enfants dépensant 3 000 CHF/an de soins paiera ~1 600 CHF de reste à charge avec une franchise de 2 500 CHF, contre ~3 500 € s’il reste sous CMU sans mutuelle renforcée.

 

7 conseils pour se faire soigner en Suisse sans surprise financière

  1. Calculez votre “seuil de rentabilité” avant de fixer la franchise LAMal
    • Additionnez vos dépenses de santé courantes (consultations + pharmacie) sur deux ans.
    • Si le total dépasse 1 000 CHF/an, optez pour une franchise à 1 000 CHF : prime un peu plus élevée, reste à charge plafonné dès le printemps.
    • Si vous n’allez chez le médecin que pour les contrôles obligatoires, la franchise 2 500 CHF est souvent la plus économique.
  2. Demandez systématiquement un devis détaillé
    Que ce soit pour une IRM ou une chirurgie ambulatoire, la loi suisse oblige les établissements à fournir un devis sur simple demande. Vous pourrez :

    • comparer les tarifs entre cliniques ;
    • transmettre le devis à votre assureur / mutuelle pour connaître le remboursement exact ;
    • négocier certains honoraires non couverts (chambre individuelle, frais d’administration).
  3. Activez une assurance “transport & rapatriement”
    L’ambulance genevoise ou le vol Rega peut coûter plusieurs milliers de francs. Une option « secours-transport » chez votre assureur LAMal, ou une complémentaire française, couvre jusqu’à 100 % du coût — même si vous êtes sous CMU.
  4. Profitez de la télémédecine suisse
    De nombreuses caisses LAMal proposent un modèle Telmed :

    • téléconsultation gratuite et 24h/24 ;
    • ordonnance électronique valable en pharmacie française ou suisse ;
    • prime jusqu’à 15 % moins chère qu’un modèle traditionnel.
      Un bon moyen d’éviter les urgences pour un simple avis médical.
  5. Couple LAMal + mutuelle française : la bonne alchimie pour les familles
    • LAMal rembourse correctement les actes suisses, mais pas l’optique ou le dentaire.
    • Une mutuelle tricolore « France + Suisse » complète à 100 % côté France et prend en charge l’orthodontie, les lunettes ou l’ostéopathie non inclus dans la base LAMal.
    • Nos courtiers peuvent comparer plusieurs contrats pour trouver le plus adapté à vos besoins.
  6. Gardez toujours votre formulaire S1 et votre CEAM sur vous
    • Le S1 prouve votre affiliation LAMal et garantit la prise en charge de soins reçus en France (et inversement).
    • La Carte Européenne d’Assurance Maladie reste indispensable pour un week-end à Milan ou Munich : elle couvre les soins d’urgence dans l’UE au tarif local.
  7. Mettez à jour votre dossier chaque année
    • Franchise, prime et RFR évoluent : vérifiez si un changement de canton, de salaire ou de situation familiale justifie une renégociation de contrat (LAMal) ou une nouvelle calibration de mutuelle (CMU).
    • Pensez à déclarer vos revenus à l’URSSAF avant le 15 octobre pour éviter le rattrapage.

Un court échange avec l’un de nos conseillers suffit pour valider vos calculs de franchise, trouver la mutuelle la plus adaptée ou vérifier un devis hospitalier. Contactez-nous : votre tranquillité financière commence ici !

 

Je prends rendez-vous

 

Désert médical en Haute-Savoie : pourquoi la Suisse devient l’alternative naturelle ?

État des lieux : quand la consultation devient un luxe

  • Offre de généralistes en berne. Dans l’Ain – qui partage 113 km de frontière avec la Suisse – on ne compte plus que 6,4 médecins généralistes pour 10 000 habitants, contre 8,7 au niveau national. Le département se classe ainsi parmi les 15 plus mal dotés de France.
  • Accessibilité divisée par deux près de la frontière. En 2022, chaque habitant d’Auvergne-Rhône-Alpes disposait théoriquement de 3,7 consultations de médecine générale par an. L’INSEE souligne que les zones rurales et celles « proches de la frontière suisse » tombent nettement en dessous de cette moyenne.
  • Démographie explosive et fuite du personnel. La Haute-Savoie gagne plus de 10 000 habitants par an, tandis que 52 % des infirmiers des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) résident… côté français. Le différentiel salarial vide encore davantage les cabinets tricolores.

Conséquence directe : dans certaines communautés de communes (Usses-et-Rhône, Pays de Gex), l’accessibilité tombe sous les 2 consultations par an, obligeant les patients à patienter plusieurs semaines – voire à traverser la frontière dès le premier pépin de santé.

 

Solutions transfrontalières déjà sur les rails

Initiative Comment aider les patients français ? Où se renseigner / s’inscrire
Groupement hospitalier Léman Mont-Blanc (GHT) Coopération entre CH Annecy-Genevois, Hôpitaux du Léman et cliniques suisses : partage de blocs opératoires et de spécialistes lors des pics d’activité Service relations internationales du CH Annecy-Genevois
Lettre d’intention HUG – ARS (sept. 2024) Engagement des HUG à limiter le recrutement direct dans les hôpitaux français et à développer des programmes de formation partagés. Objectif : stabiliser les effectifs de part et d’autre de la frontière ARS Auvergne-Rhône-Alpes – rubrique « Coopération franco-suisse »
Cabines de téléconsultation (Pays de Gex, Vallée de l’Arve) Consultations vidéo assistées par infirmier + délivrance d’ordonnances suisses ou françaises ; temps d’attente < 15 min Mairies ou pharmacies partenaires
Plateforme Telmed des caisses LAMal Télé-avis 24 h/24 facturé comme une consultation de base ; idéal pour un premier tri médical sans franchir la frontière Application mobile de votre assureur LAMal
Colloque santé franco-suisse (oct. 2024) Feuille de route pour un guichet unique « Grand Genève Santé » : orientation bilingue, gestion du dossier médical partagé Compte-rendu disponible sur espaces-transfrontaliers.org

 

Ce qu’il faut retenir

  1. Rareté des médecins français + dynamisme démographique = pression record à Annemasse, Thonon ou Ferney-Voltaire.
  2. La Suisse compense avec des délais plus courts, un plateau technique haut de gamme et même des médecines complémentaires reconnues.
  3. Des ponts se créent : coopérations hospitalières, télémédecine, actions pour freiner la fuite des soignants.
  4. Anticipez votre couverture : choisir LAMal ou CMU avec la bonne franchise / mutuelle reste la condition sine qua non pour profiter sereinement de ces solutions.

 

Passez la frontière… en toute sérénité !

Entre le désert médical qui s’installe en Haute-Savoie et l’excellence reconnue du système helvète, de plus en plus de frontaliers choisissent la Suisse pour leurs soins. Mais pour transformer cet atout en véritable sécurité – et non en gouffre financier – trois règles s’imposent :

  1. Anticiper son régime (LAMal ou CMU) dans le délai de trois mois ;
  2. Maîtriser les coûts : franchise, quote-part, mutuelle ou sur-complémentaire ;
  3. Présenter les bons documents le jour J pour éviter toute facturation d’office.

Si ces démarches vous semblent complexes, vous n’êtes pas seul : MCF accompagne chaque année les frontaliers dans le choix et l’optimisation de leur couverture santé, des premières simulations de prime jusqu’au contrôle des devis hospitaliers.

 

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Parce que votre temps est précieux et votre santé inestimable, laissez-nous gérer l’administratif ; vous n’aurez plus qu’à profiter de la qualité des soins suisses… l’esprit tranquille !

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