Mythe ou réalité ? La Suisse représente un Eldorado accessible pour tout frontalier en quête d’un salaire souvent trois fois supérieur à la rémunération française. Si la Confédération helvétique fait rêver, mieux vaut s’informer avant de répondre à l’appel du salaire frontalier suisse. Alors, quel est le salaire d’un frontalier en Suisse ? Quel est le montant du SMIC en Suisse ? Comment calculer son salaire et quelles sont les charges pour un frontalier suisse ? Mon Courtier Frontalier vous explique tout !
Sommaire
Quel est le salaire d’un frontalier en Suisse ?
Le système de travail en Suisse
Avant de se lancer dans les estimations de salaire d’un frontalier suisse, il est important de rappeler le système de travail du pays. En effet, même si les salaires sont alléchants, la durée légale du temps de travail (pour un temps plein) est de 42 heures, contre 35 heures par semaine en France. À cela s’ajoutent un coût de la vie très élevé, des cotisations comme le système de piliers ou encore la complémentaire santé.
Un salaire selon le secteur d’activité
En France, le salaire d’un salarié dépend principalement de son niveau d’études, de ses expériences professionnelles et de son domaine d’activité. Sur le territoire Helvète, le salaire du frontalier suisse dépend avant tout du canton dans lequel il travaille et du secteur d’activité dans lequel il exerce. En effet, on retrouve les salaires les plus élevés :
- dans des cantons comme Genève ;
- dans certaines branches comme la banque et l’assurance, la production et la distribution d’énergie, ainsi que le domaine informatique (développeurs, ingénieurs) et la high-tech. Les secteurs comme le pharmaceutique ou la chimie sont également en tête de liste, notamment en raison de leur fort pouvoir d’exportation ;
- selon le niveau de qualification, comme chez les cadres et les experts.
Quelle que soit son expérience, le frontalier qui dépend de l’un de ces secteurs pourra prétendre à un salaire plus élevé que dans d’autres branches comme l’hôtellerie et la restauration.
La parité homme et femme
Même si les études les plus récentes en la matière datent de 2020, l’écart entre le salaire suisse d’un homme et celui d’une femme, frontaliers inclus, reste représentatif. L’importance de cette différence salariale place la France en douzième position et la Suisse en dixième position, avec des chiffres clairs : selon l’OFS (l’Office Fédéral de la Statistique), une femme gagnerait 20 % de moins qu’un homme, quels que soient le secteur d’activité, le poste, la formation et l’expérience professionnelle. Ce qui signifie que pour 100 CHF que gagnerait un homme, la femme ne toucherait que 80 CHF pour le même travail.
Quel est le montant du SMIC en Suisse ?
Un SMIC selon le canton
La Confédération ne possède pas de SMIC, ou salaire minimum, à l’échelle nationale. En effet, depuis un vote populaire en septembre 2020, le salaire minimum en Suisse est décidé au niveau cantonal. Ce système de SMIC cantonal est principalement lié à l’inflation localisée dans chaque région de Suisse, indépendamment du pays entier, là où la France possède un SMIC national ajusté selon l’inflation, mais pas par la croissance économique du pays. Ainsi, les cantons de Genève, du Jura, de Bâle-Ville, de Neuchâtel et du Tessin ont établi un SMIC cantonal (salaire horaire minimum en 2022) :
- Neuchâtel : 20 CHF (augmenté à 20,77 CHF au 1er janvier 2023) ;
- Bâle-Ville : 21 CHF ;
- le Jura : 20 CHF ;
- le Tessin : 19 CHF.
Le cas particulier de Genève
Alors que le SMIC brut en France s’élève à 1 678,95 euros brut (1 329,06 euros net), le salaire du frontalier suisse à Genève a passé la barre des 4 400 euros bruts soit 4 368 francs suisses (24 CHF de l’heure) depuis le 1er janvier 2023. Cette revalorisation du SMIC est liée à l’inflation des prix, notamment à Genève, troisième ville la plus chère du monde. Pour les frontaliers, cependant, c’est un SMIC qui fait rêver la France, et peut-être aussi le reste de la Suisse !
Pour les autres cantons, l’employeur et le frontalier négocient le salaire horaire, hebdomadaire, mensuel ou annuel en fonction des critères évoqués précédemment.
Même si l’on ne peut fixer un SMIC net en Suisse au niveau national, on constate un salaire minimum mensuel bien supérieur à celui de la France. La Suisse se place ainsi en première position, avec un SMIC moyen à 4 216 USD contre la huitième place pour la France, avec 1 735 USD.
Comment calculer son salaire frontalier suisse ?
Vous pouvez calculer votre salaire de frontalier suisse en utilisant des outils de simulation comme le calculateur Salarium de l’OFS. Il utilise des données précises (canton, domaine d’activité, âge, expérience professionnelle, etc.) pour vous donner une estimation de salaire brut en tant que frontalier suisse.
Tout comme en France, pour convertir son salaire brut en net, il faut effectuer un petit calcul qui permet de déduire les charges salariales prélevées sur son salaire mensuel. Soit : le salaire brut (donné ou négocié par/avec l’employeur ou estimé selon le calculateur ou la fourchette des salaires dans le secteur d’activité concerné) moins les charges salariales retenues. Même si la France et la Suisse sont soumises à des charges patronales et salariales, la Suisse en possède beaucoup moins.
- la retenue à la source : il comprend l’impôt fédéral direct, un impôt cantonal, un impôt communal et un impôt personnel. Il varie selon plusieurs critères (résidence, situation familiale). Pour rappel, un frontalier paie ses impôts selon le canton où il travaille, et ne peut être doublement imposé en France et en Suisse ;
- les cotisations de santé (AVS, AI, APG) : environ 5,3 % du salaire brut ;
- les cotisations de chômage : 1,1 % du salaire brut pour des revenus annuels en dessous de 148 200 CHF de revenus annuels et 0,5 % au-delà ;
- l’assurance accidents professionnels (NBU) : entre 1 et 3 % du salaire brut, en fonction de l’employeur et des revenus perçus ;
- le 2e pilier LPP (La Prévoyance Professionnelle) : entre 7 et 18 % du salaire brut, en fonction de l’âge et des revenus.
Quels sont les frais supplémentaires pour un frontalier suisse ?
Un coût de la vie plus élevé
Même si vous résidez en France, plus vous êtes proche de la frontière suisse, plus les prix (notamment de l’immobilier) seront élevés. On estime que les prix des biens immobiliers non loin de Genève sont en général supérieurs à ceux de Paris et de sa banlieue. Les produits alimentaires sont également soumis à cette proximité avec la Suisse. À cela, ajoutez le prix des déplacements quotidiens : essence ou transports, les coûts sont également plus importants qu’en France. À titre d’exemple, un ticket de bus ou de métro à Genève au 1er janvier 2023 est de 3,05 euros, et peut aller jusqu’à 4,27 euros selon la période de l’année, contre 2,30 euros le ticket de métro à Paris à la même date. Plusieurs frais qui peuvent impacter sur le salaire net du frontalier en Suisse.
Des cotisations non prélevées sur le salaire
Les charges salariales retenues directement sur le salaire brut ne sont pas les seules cotisations à verser. L’assurance maladie de base et l’assurance complémentaire (LAMal ou CMU) est à la charge du frontalier, si l’employeur ne participe pas au paiement de la prime. Par défaut, vous serez affilié au régime LAMal (l’assurance des Suisses) si vous ne faites pas valoir votre choix pour l’un ou l’autre des régimes d’assurance. Vous pouvez également opter pour la CMU (l’assurance des frontaliers) pour obtenir un régime français spécifique. Le versement de ces cotisations impacte donc votre salaire net.
L’impact du taux de change
Qui dit frontalier, dit travail en Suisse, mais habitation en France. Le salaire du frontalier suisse sera donc versé en francs suisses. Vous devrez le rapatrier sur votre compte français, et pour cela, effectuer la délicate opération d’échange de devises. Ce procédé implique une soumission aux aléas du taux de change qui peut amputer une partie de votre salaire et donc impacter vos revenus sur le mois. Il est donc important d’être bien renseigné pour savoir quand et comment rapatrier son salaire suisse en France, à moindre coût. Mon Courtier Frontalier a des solutions pour vous aider à obtenir le meilleur taux sur le marché !
Ainsi, le salaire d’un frontalier en Suisse dépendra de différents facteurs : le domaine d’activité, le sexe, l’expérience professionnelle, et les diplômes. Pour certains métiers, la taille de l’entreprise influe sur sa capacité rémunératrice et l’âge du frontalier peut également être l’un des facteurs additionnels à la négociation du salaire. Cependant, la rémunération mensuelle est nettement supérieure aux secteurs équivalents en France. La raison principale est que le niveau de vie en Suisse est plus élevé. L’employeur doit donc répondre aux prix de la Confédération. De plus, les charges patronales et salariales étant moins élevées en Suisse qu’en France, l’employeur peut verser un salaire plus élevé à son salarié, qui de son côté voit son revenu net moins impacté par les cotisations sociales.
Attention tout de même à bien garder à l’esprit que tous les cantons n’ont pas défini de salaire minimal et que des frais annexes peuvent venir perturber l’image dorée du salaire frontalier suisse. Un autre facteur risque à ne pas oublier est que les conditions de licenciement en Suisse sont bien moins drastiques qu’en France, ainsi le frontalier peut subir des périodes sans emploi. Quel que soit son salaire, celui-ci connaîtra une perte de plus de la moitié due aux allocations chômage perçues en France. Il est donc primordial de se constituer une épargne solide et d’assurer ses arrières en cas de coup dur. Nos experts sont à vos côtés pour vous apporter des solutions pérennes.